Selon Mamy Rakotoarijaona, directeur des opérations à Madagascar National Parks, les personnes qui sont censées préserver les forêts n’ont pas les ressources ni le poids politique nécessaires pour répondre à ces intérêts puissants. Quelques officiers non armés qui n’ont même pas le pouvoir d’arrêter les bûcherons illégaux sont la seule protection pour les principales forêts tropicales, at-il dit, ajoutant que cela peut prendre des jours avant que les trafiquants viennent dans ces régions reculées.
Pendant ce temps, le gouvernement Rajaonarimampianina semble vouloir légaliser le commerce du bois de rose.
En août 2017, il a élaboré un plan d’entreprise à soumettre à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) lors de sa réunion annuelle, tenue cet hiver à Genève. L’objectif était de permettre l’exportation de centaines de milliers de troncs de bois de rose stockées afin de générer des fonds pour protéger les forêts tropicales de l’île.
Il y avait juste un problème: d’autres membres de la CITES, tels que les États-Unis, se sont demandé comment les stocks de bois abattus par les tempêtes pouvaient être distingués de ceux des bûcherons illégaux.
En effet, les préparatifs du gouvernement Rajaonarimampianina pour le sommet de la CITES ont montré à quel point il y a peu de contrôle sur les stocks de palissandre de Madagascar.
Des journalistes ont appris que quelques semaines avant la réunion, l’organe de coordination interministériel du gouvernement avait dépensé 250.000 dollars pour effectuer un audit de quelque 300.000 troncs stockés. C’était le bois qu’ils avaient espéré convaincre la CITES de leur permettre de vendre.
Mais, selon un document confidentiel du gouvernement, seuls 10 des 101 propriétaires de stocks reconnus ont autorisé des inspecteurs dans leurs locaux.
Les propriétaires gardent avec zèle leurs précieux troncs, rémunèrent des gardes de sécurité privés – ou parfois la police de l’État – entre 80 et 100 dollars par mois pour surveiller le bois.
“En fait”, note le rapport, “la majorité de ces troncs stockées restent hors du contrôle du gouvernement”.
Le gouvernement n’a probablement même pas le nombre exact de troncs. Les gendarmes en poste à Sava, les négociants en palissandre et les représentants du gouvernement ont tous déclaré aux journalistes que les compagnies forestières surestiment régulièrement leur stock – peut-être pour permettre d’ajouter plus tard des troncs supplémentaires. De plus, un document gouvernemental montre que les 101 propriétaires dont les stocks sont officiellement reconnus représentent environ un tiers de ceux connus.
(…)
