Pour comprendre comment fonctionne le commerce du bois de rose, des journalistes ont créé une fausse société chinoise appelée Imperial Africa Trading, qui opère dans un paradis fiscal aux Émirats arabes unis (EAU). Se présentant comme ses représentants, ils se sont entretenus avec un négociant en palissandre connu sous le nom de “grand patron” qui utilise un réseau de sociétés sur l’île.
Le négociant, qui ne peut pas être nommé pour protéger sa sécurité, a expliqué que 80% du bois de rose exporté par son réseau – presque entièrement à destination de clients asiatiques – est directement extrait de la forêt, plutôt que de provenir de stocks existants.
L’abattage des arbres frais est préférable, a-t-il dit, car les troncs stockés sont souvent entachés par le temps ou par de la peinture, ce qui indique qu’elles ont été signalées par le gouvernement.
Ses clients paient environ 40% du prix à l’avance. Cela garantit que son réseau dispose de suffisamment de ressources pour obtenir les troncs et les transférer vers le port.
Le prix total est déterminé non seulement par la qualité du bois de rose lui-même, mais aussi par le risque encouru. Il peut être réduit de moitié ou même divisé si les acheteurs bénéficient d’une protection locale ou d’un ami politiquement puissant pour garantir l’expédition. C’est le cas de nombreux acheteurs asiatiques qui ont fait la preuve de la mesure dans laquelle ils ont infiltré l’économie de Madagascar et son implantation politique.
Le négociant offrait également un autre moyen de paiement, plus secret, dans lequel les acheteurs pouvaient envoyer leurs paiements sur le compte d’une société de courtage et d’investissement de produits de base inscrite, Mercathon Capital. (La société n’a pas répondu à une demande de commentaires)
Une fois exporté, le bois de rose de Madagascar ne va pas directement en Asie. Plutôt, il est expédié par d’autres destinations – et le commerçant était heureux de passer par les options.
Une option est d’utiliser de plus grands ports dans des endroits comme Maurice ou Mombasa au Kenya. Étant donné que ces installations sont relativement bien équipées pour inspecter les cargaisons, des réseaux locaux conviviaux seraient nécessaires pour les protéger de la détection.
Selon le négociant, une autre option consiste à envoyer le bois dans de plus petits “ports sombres” des îles voisines de l’océan Indien, telles que La Réunion, Mayotte et les Comores, où la cargaison peut être transbordé et maquillé de son pays d’origine.
Environ 40% des négociants en bois de Madagascar enregistrent Maurice comme destination de leur bois. Mais selon les données de l’ONU sur le commerce des produits de base, il existe peu de preuves que le bois arrive jamais physiquement. L’île est un paradis fiscal et constitue donc un site idéal pour réexporter des marchandises vers d’autres destinations.
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