Lanzelo (article élaboré à partir d’un reportage réalisé par des journalistes du MLE, Mouvement pour la Liberté d’Expression, dans une émission publiée le 11 Novembre 2016 sur YouTube par Kolo TV FM)
Alertés par la population locale de Betsiaka, située à 30 km d’Ambilobe, sur l’accaparement de terres par des chinois venus s’intaller avec engins et matériel industriel prétendus inutilisés, des reporters partis de la capitale mènent une large investigation et révèlent l’existence d’un réseau mafieux introduit en haut lieu au sein des pouvoirs publics, opérant sur une exploitation aurifère dans l’illégalité, sans autorisation de l’Office National de l’Environnement, sans médiation avec les autorités du ministère des Mines.
Sur place, Voahangy, malagasy travaillant avec les chinois, joue les interpètes. Les journalistes tentent d’obtenir des informations sur la société qui exploite illégalement la parcelle de terrain, mais en vain aucune information ne filtre, que ce soit sur le nom de la société, sur les détails relatifs aux employés chinois, la nature du minerai censé être exploité. Mais des natifs du village conduisent les journalistes à Andrafialava, vers un endroit proche d’un cours d’eau, où des petits exploitants malagasy opérent. Ces derniers se retrouvent submergés par l’arrivée des chinois utilisant les grands moyens. On apprend également que l’exploitation réellement visée par les chinois se situe sur la colline de Mantalimaro plus connue sous le nom de ‘tonelimbazaha’, à Ankatoko, une des collines possédant les plus grands gisements aurifères à Madagascar. L’exploitation présente pour l’heure un contentieux car des petits exploitants locaux y opèrent. Des archives démontrent qu’entre 1906 et 1934, soit près de 30 ans, trois communes rurales autour de Betsiaka ont pu produire 7T285 d’or avec les moyens disponibles à cette époque.
S’adressant aux Olombe du village, les journalistes apprennent que les terrains environnants leur appartiennent, et que des champs sont cultivés pour subvenir aux besoins du village. Cependant, des prédateurs, de mèche avec le président du Fokontany, ont conclu des ventes de terrain à l’insu des villageois et obtenu de vrais faux-papiers. Pot de terre contre pot de fer, les villageois, se retrouvent démunis face au rouleau compresseur et poussent un cri d’alarme qui fait écho. “Les chinois trouent notre terre à tout va!”. Les villageois craignent que leurs terres deviennent sous peu inexploitables du fait de la détérioration de leur environnement.
Poursuivant un peu plus leurs investigations, les journalistes obtiennent enfin un nom, TB, qui semble-t-il serait le directeur général d’une société bien connue dans la commune de Betsiaka. Pourtant arrivés sur place devant la représentation de cette société, affirmant oeuvrer dans le domaine social, les journalistes constatent que les lieux sont défendus par de nombreux policiers et militaires armés. Au final rien d’étonnant car une semaine précédant l’arrivée des journalistes, un hélico est venu convoyer une cargaison d’or à l’accoutumée comme à chaque quinzaine. Durant ce passage, le président du Fokontany a pris la fuite.
La persévérance des journalistes finit par payer. Ils obtiennent une information clé. Un informateur rapporte que la société Kraoma possède des intérêts dans la région et détient certainement des informations susceptibles de répondre à la question des journalistes. L’Etat possède des participations dans Kraoma, et l’entreprise est une société privée. Les journalistes obtiennent la copie d’une autorisation de catégorie E octroyant le 12 janvier 2015, pour une durée de 40 ans, 272 parcelles de 625 m2 pour exploiter l’or, barytine, pyrite, quartz, galène.
Revenus dans la capitale, les journalistes parviennent à interviewer le directeur général de Kraoma qui révèle que sur cinq périmètres situés à Betsiaka, un seul était prévu pour être exploité en accord avec une certaine Mme Iniana, originaire du Nord du pays, et avec qui Kraoma avait pensé traiter directement. Mme Iniana, dirigeante de la société Mada Mining, le nom de la société tant recherchée, s’avère être plutôt une négociatrice, et traite avec des partenaires chinois et arabes. Par ailleurs, les petits exploitants sont pris à la gorge car la société Mada Mining, achète la production des petits exploitants mais à moitié prix.
La société Mada Mining, dirigée par Mme Iniana, ne représente que la partie visible de l’entreprise mafieuse opérant sur Betsiaka.
Le temps est venu de nettoyer les écuries d’Augias afin que le peuple malagasy puisse vivre dignement. “Ny Malagasy aloha!“
