Rajoelina, va-t-il jouer son “tapis”?
Les sommes déversées par le candidat n°13 dans cette campagne présidentielle sont dignes des élections dans les pays occidentaux, laissant la France loin derrière – une petite vingtaine de millions d’euros pour un candidat bien connu, comparée à ce qui se dit, cent quatre vingt pour notre putschiste, et cela dans un pays tenant le peloton de queue des pays les plus pauvres de la planète. Les états d’âme n’ont pas leur place lorsqu’il s’agit de vendre du rêve et de faire des promesses d’ivrogne comme transformer la première ville portuaire de l’île en “Miami bitch”.
Mais le plus grave a été la machine à spolier le vote des électeurs. Tout a été tenté pour faire passer le putschiste au premier tour avec une présomption de complicité de la part de la Commission Électorale Nationale et “Independante”. On note des listes électorales “bâclées”, des lenteurs de traitement au lendemain des élections – les bureaux de vote situés à deux pas de la CENI susceptibles d’afficher des scores élevés pour le candidat n°25 tardent à être traités au détriment de ceux éloignés favorables au candidat n°13 mais lents à parvenir, histoire de convaincre l’opinion par média interposé. Au final, malgré les nombreux bureaux de vote où le candidat n° 13 récolte 100% et le candidat n°25 affiche – excusez du peu! – 0%, le résultat n’est pas à la hauteur de l’investissement. 39,19% contre 35,29%. Le champagne sabré au lendemain des élections a pris un sacré goût de bouchon.
Mais l’entreprise mafieuse à fond derrière son champion a plus d’un tour dans son sac. Un plan d’annulation des résultats du premier tour sous prétexte de plaintes déposées par les deux candidats à la Haute Cour Constitutionnelle vient d’être déjoué. Par lettre de désistement, 208 requêtes déposées le jour de clôture auprès de la HCC, sont retirées le lendemain par le Legal Team de Marc Ravalomanana. L’objectif de l’entreprise mafieuse de remporter les élections par un simulacre de démocratie semble avoir du plomb dans l’aile, et pousse celle-ci à vouloir changer les règles de jeu. Mais Marc Ravalomanana préfère sacrifier la spoliation des votes au profit d’une expression réelle de la démocratie dans un face à face au deuxième tour.
Dans l’attente des résultats officiels qui seront proclamés le 28 novembre par la HCC, à moins d’une remontée spectaculaire de 11 points ou d’une annulation soudaine des élections, le deuxième tour est acquis, et le duel aura bien lieu le 19 novembre. Rajoelina jouera-t-il tout son tapis pour espérer régner sur l’île ou finira-t-il au tapis terrassé par la vox populi?
Lanzelo
