Les verrous de la boîte de Pandore sautent un à un sous la pression du comité de soutien du candidat numéro 25, Marc Ravalomanana, et surtout des citoyens déterminés à obtenir des résultats électoraux crédibles et transparents du deuxième tour des élections présidentielles de Madagascar du 19 décembre 2018.
Réchignant au début à fournir les résultats provisoires par bureau de vote, la Commission Électorale Nationale Indépendante (Céni) avait un temps, inventé des prétextes. Cependant, ayant mis à disposition cette fonctionnalité sur son site internet lors du premier tour, il lui a été difficile de refuser la demande dans le cadre du deuxième tour, ne serait-ce que sur base des données déjà saisies, au nom de la transparence tant décriée par la Céni elle-même.
Cela a été une occasion pour le citoyen de passer la première porte du sanctuaire, et de prendre connaissance par lui-même les résultats saisis par la Céni comparés à ceux qu’il a enregistré le jour du dépouillement. Il s’en est suivi une hémorragie d’erreurs et d’anomalies constatées par le citoyen lui-même, rejoignant ainsi les dires du comité de soutien de Marc Ravalomana, le K25.
La suite logique a été une requête lancée par le K25 afin de procéder à la comparaison des procès verbaux réels, mais aussi l’accès aux bulletins uniques de vote ainsi qu’aux listes électorales émargées. La Céni a tenté de botter en touche en lançant la patate chaude à la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) qui a rétorqué qu’il était du ressort de la Céni de prendre elle-même les dispositions afin qu’éclate la vérité des urnes. Devant le dilemme cornélien, la Céni a pris l’option de débloqur le verrou, ouvrant ainsi la porte à toutes les vérifications souhaitées par souci de transparence.
Le constat est affligeant! Permutation des scores pour donner le candidat numéro 13, Andry Rajoelina, gagnant. Nombre de votants dépassant le nombre d’inscrits. Participation supérieure à 80%, atteignant même les 100%, dans des régions rurales enclavées difficiles d’accès où généralement le taux de participation avoisine les 30%. Bulletins uniques destinés à des districts différents. Une personne identique signant plusieurs fois sur la liste émargée ou apposant ses mêmes empreintes. C’est l’ABC de l’hold-up electoral avec une caverne d’Alibaba révélée au grand jour.
Thierry Rakotonarivo, le médiatique vice-président de la Céni et ancien secrétaire général du ministère de l’Intérieur de la Transition, proche de Andry Rajoelina, tente une fuite en avant en annonçant la publication des résultats provisoires demain, 27 décembre sur base de ce hold-up électoral, alors que le calendrier électoral donne à la Céni jusqu’au 1 janvier 2019 pour accomplir cette tâche. Dans son discours, Marc Ravalomana a demandé à la Céni de repousser cette publication du 27 décembre, afin de faire toute la lumière sur les anomalies pour pouvoir afficher des résultats crédibles et transparentes, et éviter un conflit interminable qui risque de s’en suivre. Au nom de la transparence, la Céni reculera-t-elle encore une fois ou franchira-t-elle le rubicond vers le chaos?
En tout cas, plus rien ne sera comme avant, le citoyen Malagasy a mûri, ne compte plus se laisser faire, témoigne et s’apprête à affronter le goliath et ses 180 millions d’euros investis dans cette vaste entreprise de hold-up électoral. Andry Rajoelina a signé son arrêt de mort politique et ne pourra jamais gouverner dans un climat serein et apaisé. S’acheminerait-on vers une grande première en Afrique, qui verrait le démantèlement d’une vaste entreprise mafieuse de fraudes électorales?
Lanzelo
