Le Premier Ministre Christian Ntsay a annoncé les dates pour les prochaines élections présidentielles, avec un premier tour le mercredi 7 novembre, et un deuxième tour le mercredi 19 décembre 2018, si aucun candidat ne ressort avec la majorité.
Les élections vont se dérouler en saison pluvieuse, et en cette période les routes deviennent impraticables, les déplacements se compliquent. La probabilité devient grande pour que les accès aux bureaux de vote ainsi que l’acheminement des procès-verbaux se compliquent. Cela ouvre la voie actuellement à des spéculations de fraudes et de manipulations, terrain favori du parti HVM au pouvoir. Un parti qui a tissé sa toile en occupant bon nombre d’organes clés, les deux Chambres, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), le Comité Electoral National Indépendant (CENI), les Régions, les Communes, les Fokontany. Un parti qui a augmenté le nombre de bureaux de votes alors même que les problèmes de logistique et de financement sont pléthores. Et on se pose la question: à quelles fins!
Une lueur d’espoir est survenue avec la fronde menée par les 73 députés d’opposition, dits du changement, qui ont libéré le ras-le-bol du peuple à travers la manifestation du 21 avril, entrainant des blessés et des pertes en vie. Grâce au sacrifice de ces personnes, le bras répressif de “Rajao sy ny forongony” s’est effacé comme par enchantement, laissant place à la libre expression depuis maintenant deux mois et demi sur la place du 13 Mai. S’en est suivie une liste de petites victoires. La chute du Premier Ministre Rasolonandrasana Mahafaly et de son gouvernement. Une liberté de circulation et de mouvement – enfin – pour Marc Ravalomanana. Le création du Mouvement pour le Changement composé majoritairement du parti TIM et des syndicats de fonctionnaires et d’enseignants.
Le soufflet est vite retombé. Le nouveau Permier Ministre Ntsay n’a donné aucun signal fort en réponse aux revendications de la place du 13 Mai. L’octroi de 18 postes ministériels sur 30 au parti HVM a été interprété comme un défi envers les manifestants. La HCC, et même le Conseil d’Etat, déboutant toutes plaintes émanant de la place du 13 Mai. La CENI -Commission électorale n’ayant d’indépendance que son nom, infestée de membres dont on entrevoit les conflits d’intérêt. Les chefs de région, les présidents de Commune et de Fokontany, d’étiquette HVM parachutés et non élus. Cette semaine, une attaque de la Maire de la Capitale, Lalao Ravalomanana, pour atteindre par ricochet Marc Ravalomanana au travers du CEG-Gate d’Analamahitsy s’est soldée par un pschitt. Bref, la lueur vacille!
Apaisement ou pas, la course aux présidentielles est belle et bien lancée, avec en lice les trois partis majoritaires au Parlement. Le parti MAPAR (Miaraka Amin’ny Président Andry Rajoelina – traduit par, Avec le Président Andry Rajoelina, tout un programme politique!) effectue un faux départ avec une campagne avant l’heure mais la CENI – qui sait n’y faire – ne peut sanctionner faute de textes de lois (sic! ça ne présage rien de bon!).
Le président sortant n’a pas encore annoncé ses intentions, ou celles de son parti. En 2013, Rajaonarimampianina, alors candidat de substitution de Andry Rajoelina, remporte les élections avec toutefois des réclamations de fraudes électorales, face à son challenger, Jean Louis Robinson, candidat de substitution de Marc Ravalomanana. Jean Louis Robinson abandonne un peu vite (sic!) les réclamations et reconnaît la victoire de son adversaire.
Andry Rajoelina, dit TGV – référence faite au train à grande vitesse de fabrication française, qui s’arrête difficilement lorsqu’il déraille – poursuit sa folie d’autiste après avoir mené le coup d’Etat de 2009, et se pose en sauveur avec son programme Initiative Emergence de Madagascar, présenté devant un parterre de personnalités invitées expressement en réunion privée à Puaris. Dès lors, on est en train droit de se poser la question sur ce qui se passera réellment si Rajoelina, et donc, non plus le candidat de substitution mais le vrai, l’authentique, remporte les élections? Sachant qu’avec Rajaonarimampianina , on a eu droit au menu depuis 2009, neufs années de galère, pillage du pays, vente massive de terres, corruption, menaces et intimidations, insécurité, vols de zébus… tout cela, subi jusqu’à présent n’aura-t-il été qu’un tour de chauffe? O mon Dieu, je n’ose y penser!
Le candidat favori, qui affirme être prêt à se présenter, et qui rassemble des foules à toutes ses sorties – naturellement, et sans avoir recours à de quelconques incitations pécuniaires, suivez mon regard – demeure Marc Ravalomanana. Neuf années de traversée du désert ont forgé l’homme, augmenté son capital sympathie et lui ont permis d’asseoir une dimension internationale. Raoelina et Rajonarimampianina qui l’ont poussé à l’exil forcé et à l’oubli en Afrique du Sud, n’ont pas eu raison de sa détermination et de sa résilience pour le bien du peuple Malagasy. Il obtient un Awards décerné par African Leadership Magazine au titre de meilleur Political Leadership 2017.
Et “si les petits cochons ne le mangent pas”*, une nouvelle ère devrait enfin s’ouvrir en 2019 pour le peuple Malagasy.
Lazelo
* tiré de linternaute
Signification
S’il n’arrive rien de fâcheux à une personne.
Origine
En temps de guerre, les cochons étaient utilisés pour manger les cadavres et éviter ainsi la propagation des épidémies. Cette expression signifie donc s’il ne lui arrive pas malheur avant.
