Madagascar, parfois surnommé le “huitième continent du monde”, est le paradis des naturalistes. Plus de 80% de la faune et de la flore de l’île ne se trouvent nulle part ailleurs.
Parmi ces espèces rares se trouvent deux variantes en voie de disparition du bois de rose. Comme d’autres membres de la famille Dalbergia, le bois de rose de Madagascar à croissance lente est apprécié pour son bois odorant et de couleur ardente, utilisé dans les beaux meubles.
Mais les palissandres de Madagascar sont en danger. Beaucoup se développent dans des régions sous-développées comme la région du nord-est de la Sava, où l’exploitation forestière est l’une des rares sources de revenus fiables. Saïd Gilbert, un ancien bûcheron en palissandre, affirme avoir gagné entre 2 et 3 dollars par jour en abattant deux arbres.
Gilbert essaie juste de s’en sortir. Mais alors que les habitants comme lui vivent du riz et de la viande de brousse, les arbres de 300 ans qu’ils ont abattus génèrent des milliers de dollars de profits pour les hommes d’affaires, dans leur pays et à l’étranger.
La plupart des bûcherons ne rencontrent jamais les financiers, les négociants et les acheteurs qui achètent le bois, tellement recherché qu’il se vend 20 000 à 25 000 dollars la tonne. Ils ne sont pas non plus susceptibles de voir le produit fini – principalement des meubles haut de gamme pour l’élite croissante de la Chine.
Le bois de rose à Madagascar est une grosse affaire. Selon les estimations de 2013, entre 250 et 300 millions de dollars de bois exotiques, principalement du bois de rose, ont été exportés illégalement de l’île cette année-là. Il y a eu peu de chiffres fiables depuis lors.
Pas plus de statistiques n’existe sur la quantité de forêt détruite. Mais la déforestation de masse, engendrée par l’agriculture et l’exploitation forestière, est réelle. Par exemple, des documents confidentiels montrent que 80% des lémurs forestiers de l’île, la seule population au monde, ont disparu.
Tout ce qui concerne le commerce du bois de rose, de l’exploitation forestière à l’exportation, est illégal en vertu de la réglementation internationale sur les espèces en voie de disparition.
Mais au lieu de protéger les ressources naturelles, le gouvernement malgache collabore avec les barons du bois qui profitent du commerce illégal.
Pour en savoir plus, des journalistes ont examiné des documents secrets du gouvernement et sont entrés sous couverture, se faisant passer pour des représentants d’un acheteur chinois.
Leur enquête révèle le mode opératoire du commerce du bois de rose, comment il est protégé par de puissants initiés et comment ses opérateurs échappent à la détection. Par exemple, les journalistes ont constaté que le bois de rose quitte parfois Madagascar maquillé en vanille, l’autre culture commerciale essentielle de l’île (qui n’est pas réglementée).
Pendant ce temps, le gouvernement ne semble même pas vouloir identifier l’étendue du commerce illégal de bois de rose de l’île, et encore moins le freiner.
En conséquence, les forêts sont dévastées et des milliers d’arbres précieux sont envoyés pour enrichir un petit nombre de profiteurs, ne laissant que les déchets aux exploitants qui les abattent.
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