La destruction des forêts luxuriantes de Madagascar joue un rôle crucial dans le paysage politique du pays.
Depuis son indépendance par rapport à la France en 1960, cette nation de 25 millions d’habitants a été largement gouvernée par les Merina, le groupe ethnique le plus peuplé. Le président Marc Ravalomanana, un Merina, a exercé son hégémonie une grande partie des années 2000. Alors que son règne a vu une certaine croissance économique, la colère de la population face à la corruption endémique et à l’inégalité des revenus a enflé.
Cette colère a dégénéré en de violentes manifestations dans des régions comme la Sava, dotée de vastes côtes et des parcs nationaux denses mais peu développés. Ce sont les territoires des « barons du bois », des hommes d’affaires éminents qui exportent illégalement du bois de rose depuis des années.
Le commerce a commencé à monter en flèche vers 2007, quand une série de tempêtes et de cyclones ont dévasté les forêts de Madagascar. Certains commerçants ont saisi l’occasion pour prétendre que leurs stocks provenaient d’arbres abattus par des causes naturelles plutôt que par l’exploitation illégale. Et assez tôt, le président Ravalomanana a succombé à leurs demandes, faisant une exception aux restrictions pour 13 des commerçants les mieux connectés en leur accordant des licences pour exporter du bois abattu par les “actes de Dieu”.
Les exportations ont explosé. Entre 2009 et 2010, plus de 1 500 conteneurs de bois d’une valeur de plus de 150 millions de dollars ont été autorisés à l’exportation en violation des réglementations internationales.
Certains commerçants sont devenus extrêmement riches. Quelques-uns sont même devenus des faiseurs de roi, aidant à financer un coup d’État militaire en mars 2009 qui a renversé Ravalomanana. Andry Rajoelina, l’ancien maire de la capitale du pays, Antananarivo, a pris le pouvoir à la tête d’un gouvernement de transition.
Sous son règne, le commerce est devenu si répandu qu’une proposition de résolution de l’UE a fait état de la découverte “d’un stock important et inexpliqué de rondins de bois de rose … dans le palais présidentiel”.
Le ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina, a approuvé les expéditions de bois apparemment détruites par les tempêtes. Lorsque le gouvernement de transition a été dissous en 2014, Rajaonarimampianina est entré dans la présidence et reste en fonction aujourd’hui.
Avec lui au pouvoir, la richesse et le pouvoir des barons du bois n’ont fait que croître et l’établissement politique du pays reste étroitement lié à l’industrie forestière.
Certains commerçants sont même au parlement. Jean Laisoa, l’ancien collecteur de fonds du président, représente par exemple sa région natale de Sava à l’Assemblée nationale et siège à des comités de surveillance des ressources naturelles, des finances et du système judiciaire. Un document gouvernemental confidentiel décrit Laisoa comme un négociant clé en bois de rose. Il a refusé de commenter cette histoire, citant son rôle sensible en tant qu ‘ « opérateur de bois de rose et homme politique ».
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