Mais comment le bois interdit quitte-t-il Madagascar?
Le négociant en bois de rose a expliqué que les trafiquants préfèrent utiliser les plus petits ports de l’île, qui ont une capacité limitée à surveiller les envois. En fait, les grands navires ne doivent absolument pas entrer dans les ports de Madagascar. Au lieu de cela, de plus petites embarcations peuvent être utilisées pour sortir les bûches, ce qui évite d’avoir à documenter la cargaison et à enregistrer les navires entrant dans le port.
Ndranto Razakamanarina, président de l’Alliance Voahary Gasy, la principale ONG environnementale de l’île, l’a confirmé, ajoutant que les bateaux privés appartenant à des réseaux de trafiquants rendent difficile l’acquisition d’informations sur le commerce.
En outre, un propriétaire d’un stock de bois de rose de 200 tonnes (environ 10 conteneurs) a déclaré que plusieurs barons du bois possédaient ou contrôlaient leurs propres compagnies de navigation, ce qui facilitait la conservation du secret commercial.
Quelle que soit la compagnie maritime utilisée, la contrebande de bois de rose est une activité risquée une fois que les conteneurs atteignent la haute mer. Si les autorités étrangères saisissent le bois, les passeurs perdent leur investissement sans aucune perspective de récupérer l’argent. Mais ces problèmes ne commencent qu’à l’extérieur de Madagascar, a déclaré Razakamanarina.
Sur l’île elle-même, leurs connexions les protègent de tout contrôle. “Tout ce dont vous avez besoin est un ami politique”, a-t-il déclaré à la presse. “Un simple appel au bureau de la présidence et il fonctionne comme d’habitude.”
En ce qui concerne le point de départ préféré, le commerçant a recommandé Vohemar, un plus petit port de la Sava, au-dessus de la plus grande ville portuaire animée de Toamasina (également connue sous le nom de Tamatave). Pour assurer une expédition en douceur, ses contacts au sein de la “police, de l’armée et des douanes” et des “dirigeants régionaux” compétents seraient informés de la date de l’opération et des paiements effectués à toutes les parties concernées.
Mais même dans les grands ports, les autorités ont du mal à suivre les entrées et les sorties.
Selon une source travaillant à Toamasina, de nombreux ports de Madagascar n’ont pratiquement aucune possibilité de surveiller le trafic maritime. Et bien que les installations soient parmi les meilleures de l’île, elles sont encore limitées.
Les antennes du port, conçues pour capter les signaux émis par les navires en approche, ont une couverture limitée. Si les navires éteignent leurs transpondeurs, les antennes, achetées par le spécialiste suisse de l’inspection SGS, ne détecteront pas qu’un navire est entré dans ses eaux.
Cependant, les autorités portuaires ont insisté auprès des journalistes sur le fait que Toamasina était sous contrôle et que 100% des navires au départ avaient été contrôlés. En 2006, le gouvernement a lancé un partenariat public-privé avec SGS afin d’améliorer la numérisation des conteneurs d’exportation et d’utiliser des inspections physiques plus rigoureuses.
C’est un début, mais ce n’est clairement pas suffisant. Le bois de rose de Madagascar continue de voyager loin des forêts où il a grandi.
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